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“Zone non interconnectée”. La crise énergétique guyanaise en débat.

Invitation au débat de la Jeune Chambre internationale de Cayenne, le vendredi 9 septembre 2016, sur la terrasse du CIAP, autour de la crise énergétique dans les communes de l’Ouest Guyanais qui soulève la colère des travailleurs du réseau et des citoyens de Saint-Laurent, représentés depuis le mois de juillet par le Collectif des iguanes.

La collectivité territoriale de Guyane doit récupérer la prérogative concernant la programmation de la production de l’énergie en 2018. Jusqu’à présent, c’était l’État qui était en charge de cette programmation, via la société commerciale EDF (dont les capitaux sont majoritairement détenus par l’État).

Élu de la Communauté des communes de l’Ouest Guyanais, monsieur Farny note que dans les années 2000, lois et marché européen de l’énergie ont imposé la séparation des différentes filières de la production, de la distribution et de la fourniture, au sein d’EDF, alors encore établissement public de production et de distribution de l’énergie en France. La métropole a vu le Réseau de transport électrique (RTE) prendre le relais sur la distribution de l’énergie. En Outre Mer, le monopole de la société à capitaux publics EDF perdure.

Les travailleurs du réseau de distribution d’EDF, l’UTG-énergie, avaient lancé l’alerte en janvier 2016 sur l’état déplorable de leurs outils de travail et l’urgence d’un inversement financier important dans ce réseau. Un signal dont la société civile n’a pas tenu compte. C’est à la suite de la deuxième coupure de 24 heures, ayant eu lieu en juillet, privant à nouveau près de 70 000 personnes de courant, d’Iracoubo en passant par Mana et Yalimapo, qu’une mobilisation citoyenne s’est rassemblée pour crier son ras-le-bol face aux élus de Saint-Laurent et à l’opérateur EDF.

Un représentant de la mairie de Saint-Laurent-du-Maroni a fait remarquer que la question des moyens locaux de la production énergétique en Guyane, soulevée par la plan pluriannuel sur l’énergie (voir l’article de France-Guyane sur la PPE), n’aurait aucun sens dans le contexte d’insalubrité du réseau de distribution de l’électricité.

Réagissant aux chiffres apportés par le représentant de la CCOG, 30% en moyenne des habitants de Saint-Laurent, Mana et Apatou ne disposant pas d’une fourniture électrique, une citoyenne a élargi le débat à l’ensemble de la Guyane. Des inégalités concernant l’accès à l’énergie sont présentes partout sur le territoire. Surtout, rappelle-t-elle, entre les communes de l’intérieur et celles du littoral.

A l’heure actuelle, on recense sur tout le territoire de Guyane trois solutions de production énergétique : le conventionnel (la centrale thermique à combustion de pétrole), le renouvelable (biomasse, hydroélectricité) et la production énergétique à faible impact écologique (solaire, éolienne).

Pour fournir les besoins énergétiques des habitants de la commune de Saint-Laurent-du-Maroni, il a été proposé, à très court terme, le doublement de la ligne électrique Organabo-Saint-Laurent et la mise en œuvre d’une TAC comme il en existe à Kourou. Sur le long terme, l’hydroélectricité et la biomasse sont envisageables. Un projet d’usine de biomasse sur 11 000 hectares entre Rocoucoua et Organabo est à l’étude.

Le choix d’une seule technologie ou d’une complémentarité entre différentes solutions énergétiques repose à la fois sur les moyens financiers et le délai de mise en œuvre, annoncent conjointement élus et producteurs énergétiques présents lors de cette rencontre. Actuellement, la centrale thermique à combustion de pétrole, comme à Kourou, serait l’issue la plus rapide.

Des citoyens mécontents du débat tant sur la forme, par le manque de représentativité des invités, en l’absence de membres des communautés bushinenguées et amérindiennes, que sur le fond par l’insuffisance de questions d’ordre environnemental aux solutions énergétiques apportées, ont apostrophé élus et industriels de l’énergie afin de souligner le manque de propositions innovantes telles que celles choisies en France, sur l’île de la Réunion, ou encore à l’étranger comme par exemple la ville de Copenhague. Ils ont souligné que dans ces lieux, les citoyens sont directement associés, mis à contribution et acteurs à part entière. Du citoyen-consommateur aux citoyens-acteurs, il ne s’agit plus d’une simple question d’argent  mais d’une vrai question de citoyenneté.

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