Autres

La société civile amérindienne au Sénat

Les 167 pages du rapport parlementaire sur le suicide des jeunes citoyens amérindiens de Guyane, réalisé en 2015 par la sénatrice Aline Archimbaud et la députée Marie-Anne Chapdelaine, a occasionné un colloque historique au Palais du Luxembourg, le mercredi 30 novembre 2016.

Réunis par la sénatrice de Seine-Saint-Denis, les organisations historiques de la société civile des communautés amérindiennes de Guyane, c’est-à-dire la Fédération des Organisations Autochtones de Guyane (F.O.A.G), l’Organisation des Nations Autochtones de Guyane (O.N.A.G), le Collectif des Premières Nations et l’Alliance Collective des Amérindiens de Guyane, ont pu exposer un bilan honnête des actions mises en œuvre et celles qui demeurent toujours en attente devant la ministre de l’Outre-Mer, Ericka Bareigts, les représentants de la Collectivité territoriale de Guyane, Rolande Chalco-Lefay, vice-présidente en charge de la culture, du patrimoine et des identités, et Jocelyn Roger Thérèse, président du Conseil Consultatif des Populations Amérindiennes et Bushinengues (C.C.P.A.B).

En présence de professionnels de santé hexagonaux et guyanais, notamment Tobie Nathan, professeur émérite de psychologie à l’université Paris VIII et représentant de l’ethnopsychiatrie en France, chaque contribution a permis d’éclairer un peu plus les consciences sur les causes du mal-être et des solutions possibles à apporter et à développer.

Ce colloque met à jour la mobilisation civile amérindienne sur l’ensemble de ces questions de santé, de prévention, d’accès au soin et à l’éducation. Les causes et les besoins énumérés dans le rapport et dans les échanges au Sénat par chaque représentants des acteurs de terrain ne sont pas circonscrits à la communauté amérindienne de Guyane mais touche l’ensemble de la communauté de destin des populations administrées par la Collectivité Territoriale de Guyane, la France et l’Europe.

Le rapprochement des différents mouvements civils sur les questions de mal-être des habitants de Guyane et les réponses à apporter pour le “mieux être” est soutenues par les partis politiques d’opposition en Guyane comme en Métropole. Cette position de la société civile contre le groupe des socialistes accentue la problématique de légitimité d’action des élus en matière de lutte contre le développement des inégalités dans leur propre démocratie et marque les limites du mécanisme du pouvoir politique exilé ou ostracisé.

Les prérogatives humanistes du pouvoir des citoyens à se saisir eux-mêmes de leurs droits, de défendre leurs besoins élémentaires et les faire reconnaître et imposer à travers des politiques réelles est à l’heure actuelle une bataille mondiale, qui oppose énergiquement les citoyens entre eux, élus ou non, au sein de leurs démocraties.