Le carbet de l’ADNG* route Mana a accueilli vendredi 17 décembre 2015 une journée d’échanges de pratiques sur le bénévolat nature. Un rendez-vous auquel les associations et les bénévoles de l’Ouest ont été conviés par le réseau des acteurs de l’environnement de l’Île-de-Cayenne : le Groupement régional d’animation et d’initiation à la nature et à l’environnement.
Le G.R.A.I.N.E – peu ou pas assez connu dans l’Ouest guyanais – a joué son rôle de relais d’information lors de cette journée porteuse du projet national de la fondation Nicolas Hulot sur le bénévolat nature. Après une journée cayennaise, les animateurs se sont déplacés vers Saint-Laurent-du-Maroni afin de rompre avec le centrisme littoral des réunions “nature”, au grand plaisir de l’association ADNG (Association pour la découverte de la nature en Guyane). L’association est engagée dans l’éducation à la connaissance et au respect de la nature depuis 1994 à Saint-Laurent-du-Maroni et était le lieu d’accueil de cette journée.
La question centrale de cette rencontre, articulée autour d’un état des lieux du bénévolat, a pris une dimension supplémentaire du fait de l’absence de représentants des associations de l’Ouest. Absence remarquée puisque ces associations se sont illustrées et sont reconnues pour leurs actions de sensibilisation au respect de la nature et au développement durable. Ainsi, s’est ajoutée à la problématique de la mobilisation des bénévoles, celle des structures qui agissent sur le territoire en faveur de l’éducation à l’environnement.
Morgane Hérault, chargée au G.R.A.I.N.E d’enquêter sur le bénévolat auprès des associations, présentait un bilan de l’activité bénévole nature. Un portrait type du bénévole guyanais s’en est dégagé. Elle, car c’est une femme, est âgée entre 25 et 35 ans et réside à Rémire-Montjoly. La jeune femme citadine qui se dessine sous ce portrait ne saurait représenter toutes les personnes qui agissent au sein de ces structures pour la connaissance et le respect de la nature. Ce profil type souligne avant tout l’intérêt et l’engagement des personnes qui ne vivent pas à proximité d’un environnement naturel pour connaître et préserver ces espaces. Ce profil entend aussi marquer la faiblesse du signal militant dans l’éducation et la préservation de la nature parmi les membres de la communauté guyanaise qui vivent à proximité ou au sein même des espaces naturels.
Bien que partiels, prévient la chargée de l’enquête, les résultats de l’état des lieux du bénévolat nature guyanais révèle que 26% des actions menées par ces associations consistent à faire du nettoyage d’espaces naturels ou urbains, 23% sont des activités de découverte et d’observation de la flore et de la faune, 21% des activités de sensibilisation à l’écologie humaine que les associations regroupent souvent sous l’expression “éducation à l’environnement et au développement durable”. Dans les faits, le développement durable est cette attitude volontaire de responsabilité, que les hommes peuvent établir vis-à-vis des dynamiques qu’ils créent pour développer leurs économies. Un système d’échange salubre de ce qui est cyclique mais épuisable entre l’homme et son environnement. En Guyane, ces dernières années, cette conscience s’est cristallisée autour de la question de la protection de la nature avec la sanctuarisation d’espaces naturels (Parc amazonien de Guyane, réserve naturelle nationale et régionale) et de l’établissement de quotas ou d’interdictions de chasse d’espèces endémiques (on aura souvent pu lire “mis sous cloche”). Chez les associations nature interrogées, la protection de la nature représente la part d’activités bénévoles la moins importante : 15%.
Les associations invitées semblent aspirer à une prise de position citoyenne pour le développement économique et énergétique, salubre et durable de la Guyane. Une mobilisation militante attendue sur cette question à la portée planétaire, bien au-delà du bénévolat nature. Les représentants des associations présents ont décrit le jour où la société guyanaise choisira une économie politique de concorde avec le milieu naturel, s’appuyant sur les exemples des législations écologiques qui existent sur le continent. Exemples qui apportent parfois jusqu’à trente ans de recul et d’analyses des bénéfices et conséquences d’une telle politique. Un éclairage qui vaut de l’or pour la société guyanaise de demain.